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Histoire Des Arts Saint-Laurent.over-blog.com

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Le Blog des élèves de l'option HDA du lycée Saint-Laurent La Paix Notre-Dame de Lagny-Sur-Marne. Un lieu pour découvrir et partager les arts.


Le Déjeuner sur l'Herbe... Variations & "citations"

 

 

 

Le Déjeuner sur l'Herbe... Déclinaisons & "citations"

 

 

Lors de notre visite au Musée d'Orsay, les Premières L ont étudiés l'évolution des mouvements picturaux à partir de nombreuses oeuvres qui se démarquaient de l'Accadémisme. L'exemple de Manet marque une rupture dans l'art de peindre. Il y a pourtant des continuités.

C'est à partir de l'oeuvre du "Déjeuner sur l'herbe" que je vous propose une réflexion sur les variations dont vous mesurerez les nombreux héritages....jusque dans l'art contemporain !


On ne compte plus les œuvres antérieures dont il s’est inspiré pour mieux les transformer : Le déjeuner sur l’herbe (1862) qui trouve son origine dans les œuvres de Raphaël et le "concert champêtre" attribuée à Giorgione, L’Olympia (1863) inspirée de La Vénus d’Urbino du Titien, Le balcon (1868) tirée des Majas au balcon de Goya...

     

  Le rapport de l’art moderne à l’art du passé a fait l’objet de plusieurs études recherchant, la plupart du temps, les citations de la part de peintres particuliers, ou les modèles qui les ont inspirés.Une histoire globale du phénomène reste à faire.

Durant des sicècles, la tradition picturale s’enrichissait de l’apport successif des grands maîtres et chaque élève apprenait en copiant et en s’exerçant sur les chefs-d’œuvre reconnus.

 

 Les modèles se trouvent cités et transformés par des imitateurs, sans que personne n’y trouve à redire.

A partir du moment où il n’y a plus copie (littérale ou non), mais mise à distance de “ la manière” du maître inspirateur, le phénomène prend une dimension radicalement différente.

 

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Le Jugement de Pâris est une œuvre de Raphael (1483-1520), qui est surtout connue grâce aux gravures réalisées par Marcantonio Raimondi vers 1514-1518. La moitié droite de cette fresque de Raphaël inspirera Manet en 1863 pour Le déjeuner sur l'herbe. Quant à la moitié gauche, vue en miroir, elle inspirera Picasso en 1906-1907 pour Les Demoiselles d'Avignon.

 

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Dans le concert champêtre de Giorgione (les études récentes  en font une oeuvre du Titien) les visiteurs du Louvre au XIX° siècle n’étaient pas choqués  par cette œuvre "académique". Deux jeunes hommes vêtus; le premier joue du luth. Face à eux, deux femmes complètement dénudées; l’une d’elles joue de la flûte, l’autre tient une cruche. On pourrait y voir de nombreuses significations symboliques. Au loin, un berger regarde la scène.

 

Les choix mêmes de Manet ne sont pas anodins puisqu’il s’inspire de peintres résolument audacieux en leur temps. L’artiste s’est, en outre, défendu de vouloir liquider la peinture du passé. Ce qui intéressait ce précurseur de la peinture moderne, c’était la transformation des procédés picturaux en faveur jusqu’à lui et transmis par la tradition académique. Il révisa la perspective, le modelé, le contraste du clair/obscur, pour transformer des thèmes classiques en couvres contemporaines. En agissant de la sorte, il s’auto-érige comme un nouveau point de départ, comme la réincarnation de l’esprit novateur.

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 "Le déjeuner sur l'herbe" Edouard Manet

Huile sur toile, 208 × 264,5 cm, 1862-1863, Musée d'Orsay, Paris 


"Le déjeuner sur l'herbe"  d'abord intitulé Le Bain, puis La Partie carrée a provoqué un scandale. La juxtaposition d'une femme nue avec des hommes entièrement vêtus a suscité la controverse lorsque le tableau a été présenté pour la première fois au Salon des Refusés en 1863. Elle en constitua la principale attraction, objet de moqueries et source de scandale. Les dimensions de la toile permettent d'intégrer des personnages grandeur nature.
Pourtant, Manet revendique dans Le déjeuner sur l'herbe l'héritage des maîtres anciens et s'inspire de deux oeuvres du Louvre. Le Concert champêtre du Titien, alors attribué à Giorgione, fournit le sujet, tandis que la disposition du groupe central s'inspire d'une gravure d'après Raphaël : Le jugement de Pâris. Mais dans Le déjeuner sur l'herbe, la présence d'une femme nue au milieu d'hommes habillés n'est justifiée par aucun prétexte mythologique ou allégorique. La modernité des personnages rend obscène, aux yeux de ses contemporains, cette scène presque irréelle. Manet s'en amusait d'ailleurs, surnommant son tableau "La partie carrée".
Le style et la facture choquèrent presque autant que le sujet. Manet abandonne les habituels dégradés pour livrer des contrastes brutaux entre ombre et lumière. Aussi, lui est-il reprochée sa "manie de voir par taches". Les personnages ne semblent pas parfaitement intégrés dans ce décor de sous-bois davantage esquissé que peint, où la perspective est ignorée et la profondeur absente. Avec Le déjeuner sur l'herbe, Manet ne respecte aucune des conventions admises, mais impose une liberté nouvelle par rapport au sujet et aux modes traditionnels de représentation.

 

En 1867, Zola défend le tableau de Manet, décrié en soulignant: «   Le Déjeuner sur l'herbe est la plus grande oeuvre de Manet, celle dans laquelle il a réalisé un rêve commun à tous les peintres : peindre des personnages en grandeur réelle dans un paysage. Ce qu’il faut voir dans le tableau, ce n’est pas un déjeuner sur l’herbe, c’est le paysage entier, avec ses vigueurs et ses finesses, avec ses premiers plans si larges, si solides, et ses fonds d’une délicatesse si légère ; c’est cette chair ferme modelée à grands pans de lumière, ces étoffes souples et fortes, et surtout cette délicieuse silhouette de femme en chemise qui fait dans le fond, une adorable tache blanche au milieu des feuilles vertes, c’est enfin cet ensemble vaste, plein d’air, ce coin de la nature rendu avec une simplicité si juste ».

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En 1865, Claude Monet commença à peindre son propre Déjeuner sur l'herbe en réponse à celui de Manet. L'œuvre mesurait plus de quatre mètres sur six et devait constituer un hommage mais aussi un défi à l'égard de Manet. Mais le projet fut abandonné en 1866, juste avant l'inauguration du Salon auquel Monet le destinait.


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  L'œuvre représente une scène plus socialement acceptable de récréation bourgeoise (on remarque Camille Monet et Frédéric Bazille), mais puisqu'il s'agit d'une démonstration du nouveau style impressionniste, l'accent est plus sur les effets de lumière que sur le sujet comme tel. Le jeu subtil d'ombre et de lumière démontre les avantages de la peinture pleinairiste (représentation de scènes d'extérieur, s'attachant plus ou moins aux jeux de la lumière naturelle) et contraste avec la lumière d'atelier peu naturelle de Manet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paul Cézanne

 (1839 - 1906)
1876 - 1877

Huile sur toile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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James Tissot, La Petite carrée, peintre graveur populaire en Grande-Bretagne (1836-1902)  

Les personnages sont tous vêtus, il n’y a pas d’équivoque sur le sujet – tout est dans le titre ! 

 

 

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"Le déjeuner sur l'herbe" (d'après Edouard Manet) Pablo Picasso

  Huile sur toile, 130 x 195 cm, 1960, Musée national Picasso, Paris 


Picasso a toujours éprouvé le besoin de se mesurer aux maîtres des musées. Ce besoin se fait plus impérieux à la fin de sa vie. Il revisite notamment les œuvres de Velázquez, de Delacroix, de Courbet, de Poussin et de Manet.

Le choix du Déjeuner sur l'herbe s'impose à Picasso parce que c'est une des œuvres fondatrices de la peinture moderne. Parce que s'y déroule un dialogue entre un personnage (incarnation du peintre ?) et un modèle. Parce que c'est un rappel du thème du bain qui l'intéresse depuis ses débuts. Parce c'est également un moyen pour lui de démontrer que la peinture est vivante, même si elle est inscrite, pour l'éternité, dans le parcours d'un musée.

 

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La génération des artistes post modernes a bien évidemment puisé dans le répertoire de Picasso mais a surtout puisé dans les œuvres de tous les siècles passés, multipliant les allusions à la manière de rébus pour initiés. Ce qui paraît, à chaque fois, irrespectueux dans la citation, c’est l’appropriation. Ce faisant, les artistes désacralisent l’œuvre unique et canonisée au profit de la poursuite d’un échange, d’un dialogue au travers des siècles, avec ceux qui les ont créées.

A la question : Comment décririez-vous votre pratique de la citation - fût-elle littéraire, musicale ou picturale - ? Jean Luc Godard répond : “Ce qu’on appelle citations désigne en fait des objets, ou des sujets, qui sont dans le monde comme toutes les autres chose, et que le cinéma s’approprie comme telles. En musique ça se fait beaucoup sans qu’on en fasse état. A partir du moment où une phrase a été dite et livrée au public, elle tombe dans le domaine public.

 

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Francis Moreeuw, peintre contemporain Lillois

 

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Sharon Hodgson, artiste canadienne, avril 2007, Picnic on the Grass

 

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Seward Johnson, en 1994, le sculpteur américain a recréé la peinture en trois dimensions, Déjeuner déjà vu. 

 

 

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" Le déjeuner sur l'herbe" Alain Jacquet

Diptyque,sérigraphie sur papier, 172,5 x 196 cm, 1964, MAMAC de Nice

 L'artiste de pop art français décédé à New York en 2008, rélise cette oeuvre en 1964 avec une approche photographique et en utilisant un tirage sérigraphique.  

On peut reconnaître Pierre Restany dans l'homme au chapeau!

Alain Jacquet est décédé à New York le 4 septembre 2008.

 

"Le Déjeuner sur l'Herbe" est son premier tableau mécanique. On y retrouve les principes de ses tableaux précédents : le fameux sous-bois de Manet s'est transformé en un jardin avec piscine, le pain s'est modernisé en pain biscotté en tranches, du spécial-pique-nique, enveloppé sous cellophane: du pain Jacquet (c'est la marque). Dédoublement - camouflage - superposition.
En même temps, Alain Jacquet reste fidèle, du point de vue des couleurs, à l'inspiration Lapicque-Matisse de ses premiers tableaux, les couleurs flottent dans l'air.

Ce monument de l'histoire de l'art, dérivé de Giorgione, mis en scène par Manet qui en fait magistralement le point d'entrée de la modernité est revisité par Jacquet. Il réalise un tableau vivant de la scène qu'il va photographier pour en faire la matière du fameux diptyque. Parmi les protagonistes, il choisit Pierre Restany, le mentor du Nouveau Réalisme et Jeannine Goldschmidt, la directrice de la galerie J à Paris. Si Pierre Restany accepte de poser, avec réticence car il ne semblait pas dans la confidence, c'est une manière de «parrainer» cet artiste free-lance. De cette scénographie célèbre, Jacquet fait une œuvre aux déclinaisons multiples, inscrivant les solutions diverses dans une longue perspective sérielle, en jouant sur les recadrages partiels. Le savant décalage des trames de couleur primaire, tout en masquant la signature du fabriquant du pain de mie fait définitivement recette. L'œuvre de Jacquet sera souvent identifiée à partir des registres spécifiques de ce seul tableau.

C'est un peu l'arbre qui cache la forêt (...)
Gilbert Perlein, directeur du Mamac 

 

 

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Albert Lichten

Récital au Parc des Buttes Chaumont,

1998.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ME0000055613 3En 2002, les peintres russes Vladimir Dubosarsky etAlexander Vinogradov ont peint un Déjeuner sur l'herbe en hommage aux peintres impressionnistes.

 

 

Vladimir Dubosarsky : Alexander Vinogradov : Girafe : Claude Monet : Eugène Henri Paul Gauguin (Paul Gauguin) : Vincent van Gogh : Jacob Abraham Camille Pissarro (Camille Pissarro) : Edouard Manet : Hilaire-Germain-Edgar de Gas (Degas) : Henri de Toulouse-Lautrec : Pierre Auguste Renoir : Paul Cézanne : Lion : Henri-Julien-Félix Rousseau (Le Douanier Rousseau) : Edouard Manet : Le déjeuner sur l'herbe - Rue - Centre Pompidou

 

 

 

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En 2008, au salon Paris Photo, le photographe britannique Rip Hopkins présente son interprétation de l'œuvre, sur le stand de la galerie Le Réverbère. L'image est née, fin 2006, d'une commande du Musée d'Orsay : pour célébrer son 20e anniversaire, l'institution donne carte blanche à cinq membres de l'Agence Vu pour photographier les salariés du musée. Rip Hopkins est chargé de faire une œuvre avec le personnel, il leur donne carte blanche pour le choix d'une peinture et une mise en scène. Cyrille et le déjeuner sur l'herbe, sorte de boucle temporelle, utilise le tableau original et place, en premier plan, un homme nu dont la pose semble répondre à celle de la jeune femme du tableau. Le nu masculin non débarrassé de ses tabous réactive le scandale initial lié au tableau. La photographie est refusée par le musée lors de sa première sortie.

 

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"Déjeuner sur l'herbe selon Yves Saint-Laurent


Le créateur Yves Saint-Laurent aimait la peinture. Il collectionnait...Goya, Matisse, Van Gogh, Braque, Picasso, Mondrian, Cocteau ou Warhol qui fit de lui le fameux portrait Saint-Laurent.

Le couturier français a frappé un grand coup en lançant sa campagne pour la collection automne-hiver 1998/99 sur le mode du détournement d'oeuvres classiques.   

La campagne Printemps 1999 se décline donc en six tableaux : La Joconde de Léonard de Vinci, Le Jeune homme au bord de la mer d'Hippolyte Flandrin, la Madeleine pénitente de Georges de La Tour, l'odalisque au bain de Dominique Ingres, Les trois Grâces de Jean-Baptiste Régnault, La toilette de Vénus de Diego Velasquez.

Le choix des oeuvres s'est porté sur des tableaux célèbres dans le monde entier, très polémiques lors de leur présentation au public. Nul doute que ce parfum de scandale a séduit la marque. Cette campagne joue sur l'ambiguité des sexes avec des mannequins au physique androgyne dont la star Kate Moss. La campagne reprend le "truc" qui avait choqué le monde de la peinture en 1863 l'association de corps nus et habillés, inaugurée par Manet pour son célèbrissime "Déjeuner sur l'herbe". Un moyen habile d'exposer les nouvelles tenues de la collection homme d'Yves Saint-Laurent.

Un casting pas vraiment surprenant mais dont le traitement le devient vite puisqu'il s'agit bien moins d'une "reconstitution" que d'une réelle interprétation projetant la "grande peinture classique". Le tout un peu habillé, ça dépend des scènes, en Saint-Laurent Rive Gauche. On ne manquera pas de constater, l'indéniable érotisme de cette campagne, qui met en valeur la plastique ténébreuse des divers modèles.

 

 

« Le tableau est une proposition complexe dans laquelle les expériences visuelles antérieures forment des combinaisons imprévisibles, l’imagination créant sans cesse de nouvelles associations : une image s’agrandit en une autre, mais sa forme originelle est en continuelle transformation ».

 

Et.... jusque dans la publicité et les N.T.I.C !

 


 

Et vous... Quel est votre déjeuner sur l'herbe ?!!

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